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Diderot

Diderot

Diderot
Mis en ligne le mercredi 5 septembre 2007 ; mis à jour le vendredi 17 août 2007.

Publié dans le numéro IV (ÉTÉ 2007)

En 1713, Diderot naît à Langres. Tombe bientôt amoureux d’Anne-Antoinette Champion et lui renverse la cervelle avec sa bouche d’or dixit sa future belle-mère. En 1749, est emprisonné à Vincennes pour ses écrits. Le flic Berryer écrit : Savoir ce que c’est que ce Didrot. Diderot aime Sophie Volland, qu’il rejoint par un petit escalier le jeudi matin et le dimanche, rue des Vieux-Augustins. Il lui parle comme à un homme. Ne tolère sur les lèvres de Sophie que celles de sa sœur Uranie, et se félicite de ne savoir laquelle des deux il aime le plus. Diderot s’habille d’un habit de drap noir. Son seul luxe : les trois sous quotidiens qu’il dépense au café, où il observe les joueurs d’échecs. La tsarine Catherine II de Russie, informée de la pauvreté du philosophe, lui fait une avance financière pour cinquante années d’avance  : il en reste stupéfait pendant vingt-quatre heures. Alors qu’il relit un article en S de son Encyclopédie, Diderot le trouvé mutilé : tous ses textes ont été coupés par l’imprimeur Le Breton - qui a pris soin de détruire les manuscrits originaux. Diderot en est blessé jusqu’au tombeau. L’Encyclopédie telle que nous l’admirons, Diderot l’appelle ramas d’insipides rognures. Une certaine Mme Geoffrin le remercie d’un service en jetant ses vieux habits dans lesquels il se trouvait pittoresque et beau, et en lui offrant une robe de chambre de ratine écarlate. Dégoûté, Diderot écrit Regrets sur ma vieille robe de chambre ou Avis à ceux qui ont plus de goût que de fortune. En 1773, Diderot quitte Paris pour un long voyage qu’il traite, dit Grimm, comme une course de la rue Taranne à la rue Sainte-Anne. En Hollande, il voit la mer pour la première fois. Il parle soles, harengs frais, trubots, perches. Arrive enfin à Saint-Pétersbourg, auprès de Catherine II. Les courtisans le traitent de rustre qui lui saisit le bras, tape sur la table, l’appelle ma bonne dame. Au cours du voyage de retour, il manque de se noyer dans la Dvina, et écrit à Carl Philipp Emanuel Bach, second de J.-S., pour lui demander des sonates inédites. À Sophie Volland son amoureuse, il écrit sa dernière lettre : J’avais pensé que les fibres du cœur se racornissaient avec l’âge. Il n’en est rien. Je serai le plus insigne pleurnicheur de vieillard que vous ayez jamais connu. De retour chez lui, il dit à sa femme : comte mes nippes, tu n’auras point de motifs de me gronder, je n’ai pas perdu un mouchoir... Sa fille ajoute : mais il avait perdu ses jambes. Son buste en bronze arrive à Langres, dans la salle de l’Hôtel de ville, sur une petite armoire contenant l’Encyclopédie. Sa santé se détériore. En 1781, chaque jour il va au moins dix fois à la garde-robe et ôte doucement ses dents comme on détache une épingle. En 1783, on le saigne trois fois par matinée. Sophie Volland meurt ; elle lui lègue sept petits volumes des Essais de Montaigne, reliés en maroquin rouge, plus une bague que j’appelle ma pauline. Diderot choisit de mourir. Il prend une pose stoïque, fait ses adieux à sa femme et à sa fille ; mais le lendemain il est bien vivant. Ses jambes ne le portent plus. Sur ordre de Catherine II, Diderot est logé dans un somptueux appartement rue Richelieu, après avoir vécu toute sa vie dans un taudis. Des ouvriers apportent un très beau lit ; Diderot plaisante : vous prenez là bien de la peine pour un meuble qui ne servira pas quatre jours. Le soir, Diderot converse : Le premier pas vers la philosophie, c’est l’incrédulité. Le lendemain 31 juillet, il mange des cerises en compote. Il tousse. Sa femme lui pose une question, il ne répond pas : il est mort.

Pendant la Révolution, son cercueil fut profané : quelqu’un en a récupéra le plomb.

source : Pierre Lepape, Diderot, Flammarion

 

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