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Jules Verne

Jules Verne

Jules Verne
Mis en ligne le mardi 13 novembre 2007 ; mis à jour le mardi 4 décembre 2007.

Publié dans le numéro V (septembre 2007)

1828 : Jules Verne naît à Nantes dans l’île Feydeau. À onze ans, échappant à la vigilance de ses parents, il monte sur un voilier. Le voilà étudiant à Paris : il dit à une demoiselle qu’il aimerait pêcher la baleine sur les côtes de son corset. Et organise avec dix célibataires les dîners des Onze-sans-femme. L’inspiration littéraire venant, ses coliques n’en sont que plus fortes. Jules Verne écrit à sa mère tu n’es pas sans savoir que les deux fesses sont séparées par un hiatus, qui n’est que l’extrémité du boyau intestinal ; ce boyau prend à son arrivée à l’extérieur les noms les plus harmonieux, tels le jéjunum, le duo denum (et non le duo des nonnes, comme on dit à Nantes) et enfin le rectum - bref : mon derrière ne se ferme pas bien. Pour se soigner, Jules Verne mange avec frénésie : le matin, un morceau de veau et une tasse de chocolat. Jules Verne a le visage à moitié paralysé : pouvu que je n’ouvre pas la bouche, que je ne ferme pas les yeux, que je ne renifle pas, et que ne plisse pas le front, on ne s’aperçoit de rien. Jules Verne écrit à son père : rouge ! rouge ! rouge ! le salon ! le jaune ne va guère qu’aux chambres à coucher ! Rouge, en dépit des allusions politique ; rouge comme la banderille d’un toréador, rouge comme un fabricant de barricade, rouge comme la pourpre impériale, rouge comme une jeune mariée. Justement Jules Verne se marie avec Honorine. Part en Angleterre pendant que sa femme accouche. Elle se plaindra à son éditeur Hetzel : Croyez-vous qu’il faut abandonner l’idée d’en faire un mari passable ? Hetzel refuse le manuscrit de Paris au XXe siècle en disant : c’est raté, raté, et cent mille hommes me diraient le contraire que je les enverrais promener. Malheureusement, cent mille hommes parleraient comme moi ! Verne l’écoute. Dix ans plus tard, il lui écrit pour un bal costumé : Si vous aviez été là, vous seriez venu déguisé en imbécile. Personne ne vous aurait reconnu. Jules Verne est garde-côte au Crotoy avec son premier bateau, le Saint-Michel I, une chaloupe de pêche. Verne est sur le Saint-Michel II, voilier de treize mètres. Puis sur une folie  : le Saint-Michel III, 55000 francs, navire métallique de trente mètres à voiles et à vapeur. Le quatrième Michel : c’est son fils, qu’il appelle mauvaise nature, fanfaron de vices, qu’il met en pension, puis en maison de redressement, puis sur un navire en partance pour les Indes, avec cette phrase : la mer complètera-t-elle ce cerveau ? Raté : son fils lui envoie une lettre où il ose écrire de l’eau, de l’eau et de l’eau, je trouve cela en tous temps simplement monotone. Jules Verne est hors de lui. Jules Verne est blessé par deux coups de revolver, tirés à bout portant par son neveu Gaston qui voulait attirer son attention afin de le faire entrer à l’Académie. Jules Verne boîte : il ne pourra plus naviguer. Jules Verne se bat pour la construction du cirque d’Amiens. À la bibliothèque, Jules Verne s’asseoit sur les journaux qui l’intéressent pour qu’un autre lecteur ne les lui prenne pas. Jules Verne se rend en Amérique avec son frère, marin, sur le plus grand navire du monde. Jules Verne écrit à son frère qu’il pense à un bâteau à la fois sous-marin, marin et aérien. Que cela ! Mais Jules Verne vieillit : lui qui voyagea tant, le voilà cul de plomb, qui ne ferait pas un pas pour manger une truffe. En 1902, il écrit les mots s’en vont et les idées ne viennent plus. En 1905, une ultime crise de diabète : Jules Verne meurt. On compte deux cent cinquante-neuf bateaux nommés et jouant un rôle dans son œuvre.

Source : Olivier Dumas, Jules Verne, éd. La manufacture, 1988

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