DIM8DEC2024
Rubrique Agenda
Accueil > Articles > Tigreries > Les grandes dates de l’histoire >

L’entrevue du camp du drap d’or

L’entrevue du camp du drap d’or

L'entrevue du camp du drap d'or
Mis en ligne le jeudi 5 juillet 2007 ; mis à jour le mercredi 22 août 2007.

Publié dans le numéro III (juin 2007)

Le lundi matin du 7 juin 1520, jour de la Fête-Dieu, il y a tout juste 487 ans, François Ier, persuadé qu’il lui suffirait d’accueillir Henri VIII dans une dépense infinie de fastes pour que lui fût acquise l’amitié du monarque - ces Anglais sont si superficiels ! - passait une dernière fois son Camp du Drap d’Or à l’inspection, afin que nul funeste détail ne vînt gâcher la grandissime entrevue imaginée dans ce splendide chantier construit de toute pièce pour l’occasion. À peine terminé, le village était si somptueux que déjà on usa du mot de huitième merveille du monde, « C’est dire si la chose avait du chien ! », s’enhardissait François, conquis. L’enjeu, disons-le, était de taille : il fallait convaincre le Roy des Anglois de composer sans celui dont il était urgent de conjurer les intrigues, ce grotesque Charles Quint qui s’était lui-même placé une couronne impériale sur le chef. Pour affirmer l’amitié franco-anglaise, on n’avait certes pas lésiné. Fut amené par mer un logis de bois en pièces détachées  [1] composé de quatre corps de maison charpentés en Angleterre, couvert de toile peinte en forme de pierre de taille, tendue de tapisseries dont les dessins, pris sur le modèle des plus riches maisons, étaient les plus splendides qui se pouvaient trouver à l’époque et qui, toutes, assurément, faisaient le goût d’Henri. On s’appropria également le panorama avec d’innombrables tentes aux draps d’or et d’argent, frisées du dedans comme du dehors et enjolivées de pommes d’or. On vit aussi une multitude de tentes faites de chambres et de galeries si vastes et somptueuses que de mémoire de marchand de Calais jamais on n’en vu de telles dans les plaines flamandes. François Ier, qui comptait obtenir du premier ministre d’Henri VIII, le cardinal Wolsey, la bénédiction du mariage du Dauphin de France d’avec cette petite garce de Marie d’Angleterre, dut cependant bien vite se rendre à l’évidence que tout ce luxe lui apporterait peu : Wolsey fut si facile à soudoyer que Charles Quint n’eût, pour se prévenir des engagements du Camp du Drap d’Or et se mettre l’Angleterre en poche, qu’à promettre une tiare au vaniteux ; ces Anglais, on ne le répètera jamais assez, sont avant tout des perfides !

NOTES

[1] On a tendance à vite l'oublier mais le mobilier à monter vendu au détail n'est certainement pas l'affaire exclusive des Suédois ; nous savions y faire aussi, en France, et de façon autrement plus chic que M. Ingvar Kamprad, l'homme aux affreux contre-plaqués encastrables !

Accueil | Plan | Contacts | RSS | Mailing-list | Ce site