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Mort sur le ring

Mort sur le ring

Mort sur le ring
Mis en ligne le mercredi 6 août 2008.

Publié dans le numéro X (juillet-août 2008)

Cette énigme sera nettement plus facile à lire au format PDF du magazine

La solution se trouve au bas de la page

12 mai 1964. Émotion à la salle Raymond-Cartier de Cachan : un des concurrents du gala national de catch a trouvé la mort en plein match. On a d’abord cru à un simple accident : mais l’autopsie montre qu’il a été drogué. Qui est le coupable ? À vous de le découvrir. Un seul des suspects est coupable ; vous pouvez le trouver en procédant par élimination.

 

La victime

Daniel Casanova, alias Le Tigre d’Aubervilliers

24 ans, 1,91 m, 123 kilos

Nouveau venu dans le monde du catch, il avait mené ses premiers combats deux mois auparavant.

Très costaud et teigneux, il jouait un rôle de « méchant » .

Costume : un justaucorps tigré et un masque rouge et noir.

 

Autopsie

Le décès a été provoqué par arrêt cardiaque, consécutif à une injection de somnifère. Le produit a été injecté en une fois. Il n’aurait pas dû entraîner la mort, mais seulement affaiblir le catcheur. Mais l’interaction avec des produits dopants pris à hautes doses dans les dernières semaines a provoqué un arrêt du cœur en deux à trois minutes après l’injection.

 

L’arme du crime

Il s’agit d’une seringue hypodermique du type utilisé par les vétérinaires pour endormir les fauves. Elle se présente sous la forme d’un tube plastique de 8 cm de long prolongée par une aiguille en acier. Un piston injecte automatiquement le liquide contenu dans la dosette quand l’aiguille est enfoncée dans la peau, ce qui peut se faire d’un mouvement rapide. Généralement tirée à l’aide d’un fusil, celle-ci a été utilisée manuellement, en piquant sous l’épaule gauche, de haut en bas.

La seringue a été retrouvée vingt minutes après la fin du match, dans la tuyauterie des WC de la salle. Elle a été soigneusement essuyée et ne porte pas d’empreintes digitales.

 

Les suspects

Plusieurs personnes se trouvaient sur le ring et auraient pu piquer la victime sans être vues, dans le feu de l’action.

 

René Duval, arbitre

42 ans, 1,77 m, 91 kilos.

Ancien catcheur, reconverti en arbitre depuis 1958.

Pas de mobile personnel apparent. Mais il est couvert de dettes (copocléphile passionné, il s’est endetté pour racheter des porte-clés dont la cote s’est effondrée), et a pu exécuter un « contrat » pour de tierces personnes.

 

Johnny Scronik, alias Le Nain Jaune

31 ans, 1,48m, 71 kilos.

Petit mais trapu et très costaud, ce catcheur joue un rôle de « méchant » agile et teigneux. Il faisait équipe avec la victime depuis deux mois à peine, et on raconte qu’ils se sont fréquemment disputés. Apparemment, Skronik ne supportait pas la popularité croissante de son partenaire.

Costume : un justaucorps jaune.

 

Olivier Boursicaut, alias L’Ange Oliver

28 ans, 1,87 m, 128 kilos.

« Gentil » très populaire depuis la fin des années 50. Défié à trois reprises par le Tigre d’Aubervilliers, il a perdu les trois matchs, ce qui ne lui était jamais arrivé auparavant. Connu pour son amour-propre, il a pu vouloir tricher pour s’assurer la victoire.

Costume : un justaucorps bigarré et une large ceinture dorée.

 

Ramon Villaverde, alias Supermasque

1,82 m, 91 kilos.

Luchador mexicain arrivé en France en 1962, il s’est intégré au circuit français du catch. Il faisait équipe pour la première fois avec L’Ange Oliver.

On raconte dans le milieu que de grosses sommes ont été pariées chez les bookmakers clandestins sur sa victoire dans ce match.

Costume : un masque noir et un mini slip noir.

 

Bernard Lourdel, manager de Supermasque

Ancien catcheur. 43 ans, 1,82 m, 120 kilos.

Il est brièvement monté sur le ring quand son poulain s’est trouvé au sol, pour tenter de faire lâcher prise à son adversaire, et a alors frappé le Tigre. Il a été expulsé par l’arbitre vingt secondes plus tard.

 

Deux indices précieux

 

Une photo prises par un spectateur à la deuxième minute du match permet de distinguer la seringue hypodermique scotchée en haut d’un poteau du ring. Elle avait donc été mise à cet endroit avant le début du match, prête à être rapidement attrapée le moment venu depuis le ring. Après usage, elle a dû être dissimulée dans le costume du coupable qui s’en est débarrassé ensuite.

 

Une seconde photo, prise à la sixième minute, montre que la seringue n’est plus sur le poteau.

 

Déroulement du match

(résumé des principales actions)

 

Pendant les deux premières minutes, les concurrents s’observent et tentent quelques prises.

De la troisième à la cinquième minute, l’Ange Oliver et Supermasque dominent. Oliver immobilise le Tigre par un « double Nelson »  : il fait glisser ses deux bras sous les aisselles de son adversaire puis joint ses deux mains derrière sa nuque), tandis que Supermasque soulève Le Nain Jaune et le fait tournoyer au-dessus de lui avant de le renvoyer dans les cordes et de l’immobiliser par un ciseau.

À la sixième minute, l’arbitre commence à compter, mais Le Tigre se libère en faisant passer l’Ange par-dessus sa tête, et effectue un « saut chassé » contre la nuque de Supermasque, qui relâche le Nain.

À la septième minute, tandis que Supermasque subit les coups de pieds du Nain, Oliver contre attaque en tentant de déséquilibrer le Tigre avec plusieurs prises, en vain.

À la huitième minute, le Nain profite de l’inattention de l’arbitre pour mordre cruellement la fesse gauche de Supermasque, puis il lui assène un violent coup de tête dans l’estomac. Le Mexicain a le souffle coupé et tombe à quatre pattes. Tandis que l’Ange tente de ceinturer le Nain, le Tigre monte sur le dos de Supermasque et reste debout sur sa cage thoracique en se pavanant et en insultant son adversaire. Le Nain court sur le bord du ring pour échapper à l’Ange Oliver.

À la neuvième minute, l’Ange attrape le Nain par la taille et le projette contre la poitrine du Tigre, qui tombe à terre. Supermasque se redresse et effectue dans la foulée une « prise en quatre » au Tigre : il lui saisit la jambe droite, fait un demi-tour et saisit l’autre jambe, qu’il croise en dessous de la première, immobilisant son adversaire.

À la dixième minute, le Tigre tente de projeter le Mexicain en arrière, mais la force lui manque. Il lâche prise, on le croit évanoui.

L’arbitre met quelques instants à voir que quelque chose ne va pas, pendant lesquels le Nain tente de croquer le mollet de l’Ange. Puis l’arbitre interrompt le match, et appelle l’infirmier. Tandis que les catcheurs, choqués, quittent le ring, Duval reste au chevet du Tigre jusqu’à l’arrivée des pompiers, et il l’accompagne jusqu’à l’hôpital, où on ne parviendra pas à le réanimer.

 

 

SOLUTION

Pour résoudre cette énigme, il faut procéder par élimination.

Le timing du match est essentiel.

On sait que la drogue a agi en deux à trois minutes : le Tigre a donc été frappé entre la sixième et la huitième minute. Or, pendant toute cette phase, il est toujours debout. Le coup ayant été frappé de haut en bas, on en déduit que le Nain Jaune n’est pas coupable : vu sa taille, il aurait dû frapper de bas en haut pour atteindre l’épaule de la victime.

Les deux photos du spectateur montrent que la seringue a été prise entre la deuxième et la sixième minute. Or, on sait que Bernard Lourdel, le manager de Supermasque, est monté sur le ring seulement quand son poulain était à terre : donc à la huitième minute. Ce n’est donc pas lui qui a pris la seringue, il est innocent.

Après avoir piqué le Tigre, le coupable a gardé la seringue et l’a dissimulée sur lui. Il a donc dû la glisser dans son costume. Chose impossible pour Supermasque, qui ne porte qu’un mini slip. On peut donc éliminer le Mexicain.

Enfin, le coupable est allé nettoyer et jeter la seringue dans les WC. Cela ne peut donc être l’arbitre, qui n’a quitté le ring que pour accompagner les pompiers à l’hôpital.

Le coupable est donc l’Ange Oliver, qui a pu saisir la seringue dans les premières minutes du match, piquer Le Tigre à la septième minute, puis dissimuler la seringue dans son costume avant de quitter le ring. Bouuuh !

 

 

 

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